Auditorium A

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télécharger la publication L’AUDITORIUM A, 2014, in Jardins Singuliers/Unique Gardens, Sophie Barbaux, éd. ICI Interface, 2015

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L’AUDITORIUM A

L’Auditorium A , 2008 Claire Dehove avec Loraine Djidi & Cleo Laigret Daniel Deshays, son Technique et réalisation : Philippe Moutte/Sud Side, étude technique et construction, Marseille Bernard Chapron, ingénieur, bureau d’étude, Montpellier Christian Laroche : programmation et système du son Dispositif architectural et sonore (LxlxH : 40m x 7m x 6m) : platellage en mélèze, rambarde en élingues inox, ossature acier galvanisé, 5 plaques d’acier Corten, chaise métallique, projecteur sur mât, 5 capteurs optique/infrarouges/accéléromètre, sampler, carte son Mp3, 2, carte microcontrôleur, 4 amplificateurs reliés aux 4 moteurs vibrasound. Projet de Commande Publique de la Direction Régionnale de l’Equipement et de la DRAC Languedoc-Roussillon pour le DIFFUSEUR A 75 et A 750 de la COMMUNE DE CEYRAS (34).
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L’échangeur autoroutier situé sur la commune de Ceyras dessine une forme deltoïde entourée des Causses du Larzac. Objet écologiquement incorrect, cet échangeur est néanmoins un organisme vivant qui produit du paradoxal. Par un retournement de la commande, l’échangeur devient l’œuvre d’art à regarder, à écouter et à amplifier. Le projet se sert du “déjà-là “ de la parcelle tangentielle à l’A 75 (oliviers, cyprès, orientation, géométrie, acoustique) pour en faire un site qui inclut l’échangeur et devient une halte pour les promeneurs. Selon un principe de discrétion et de déflexion, le dispositif tend davantage à attirer l’attention sur ce qui l’entoure que sur lui-même. La rampe d’accès déploie ses sinuosités entre les oliviers puis s’élève et disparaît vers la conque des cyprès. Dessous, on accède à l’Auditorium, les lames de bois se déroulant vers l’intérieur en petits gradins. On stationne dans cette chambre d’écoute, allongé sur le côté, assis ou debout. C’est une fabrique de résonance et de transformation grâce à ses membranes sonores en acier et à un système technique élaboré (capteurs, traitement informatique du signal, moteurs électro-acoustiques). S’y joue une partition où s’exacerbe l’écart entre ce qui se voit et ce qui s’entend, selon un rapport d’ajustement subtil entre les sons du réel et ceux qui sont diffusés. En synchronie ou en désynchronie avec le visible, le dispositif exploite la raréfaction ou la densité du flux. La vitesse devient matière à décrypter, à sampler et à composer. L’Auditorium A diffuse et mêle les états antérieurs, les temps différents de l’activité autoroutière. Le dispositif fonctionne en autonomie et propose également des expériences singulières et participatives dans ce territoire, à ses habitants, ses visiteurs et à des artistes, compositeurs ou chorégraphes pour lesquels il peut devenir un outil générateur de création. Si l’auditorium est la zone d’immersion maximale dans un univers sonore scénarisé, la plate-forme supérieure est une zone d’intensité visuelle qui est totalement affectée par le contexte et les variations climatiques. Ce Belvédère est perméable au concert joué en bas grâce aux claires-voies de la rampe et au prolongement des ondes sonores diffusées par les plaques métalliques de l’Auditorium. Le dispositif fait du Belvédère la zone privilégiée où se condensent la contemplation et l’écoute. Si le dispositif favorise une appropriation collective depuis les villages et les sentiers piétonniers, il interpelle la curiosité de l’automobiliste en mettant en scène une simple chaise en métal laquée de couleur rouge. Elle incite les habitants et les visiteurs à apporter leurs chaises pliantes le temps d’une soirée. Orientée vers l’échangeur, elle est l’indice qui le désigne ainsi comme œuvre. Le dispositif expérimental, techniquement innovant, anticipe aussi sa propre dégradation dans le paysage : patine du bois, rouille, enfoncement de sa construction dans la terre. La végétation s’infiltrant dans tous les interstices, le dispositif va se fondre selon une logique écosophique dans son environnement.

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L’Auditorium A est une fabrique de résonance. Il réceptionne les bruits du sonore environnant, les transforme, les filtre et les mêle à ceux qu’il diffuse. Là, se joue une partition où s’exacerbe l’écart entre ce qui se voit et ce qui s’entend. Selon son positionnement dans cet espace, on a une visibilité variable sur les plans les plus proches du flux autoroutier. L’auditorium est un lieu protégé où s’explore publiquement la tension qui permet au sonore d’utiliser son immatérialité pour mettre en doute le réel ; l’image est alors sujet à réinterprétation.

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